Les sanctuaires et mausolées
des BELKADI
Parmi
les sanctuaires dédiés à cette famille BELKADI , il
y a tout d’abord celui des At-Yahiasur
l'emplacement même de Koukou ,
où
les ruines de remparts se remarquent encore par endroits.
C'est
Taqorabt Bou Al-Qadi « le sanctuaire du BELKADI ».
Aux
Ylilten au
pied du massif Azrou N Thor,
on trouve trois sanctuaires dédiés à Sidi
Hend BELKADI.
L'un
deux se trouve à l'Entrée du village de Tifilkout.
L'autre
se dresse sur un piton de Ykefillen(au
hameau de Tizits) au lieu dit Bou-Taqa. Le troisième
dans le cimetière de ce même hameau.
Dans
une localité voisine , aux At-Ghobri
au village Aourir,
deux
sanctuaires sont dédiés aux At AI-Qadi. Dont l'un est
élevé à Achellam.
C'est le plus important d'entre tous .
Une
inscription le signale depuis des siècles en ces termes:
«Ceci
est le lieu de repos (lemqam) de Sidi Ahmed Ibn Al-Qadi mort au XI°
siècle (de l'Hégire NDLR),
Que Dieu lui Accorde sa miséricorde».
Il
s'agit de Abou AI-Abbas Ahmed BELKADI le fondateur
de
la dynastie de Koukou et roi d’Alger de 1520 à 1527.
L'autre
emplacement tombal est indiqué par un gigantesque olivier
qui
selon la légende "(aurait) poussé
dans, la bouche du saint".
Cette
dernière tombe serait celle de Sidi Mohand Ou-AI-Qadi,
le propre fils de Sidi Hend Ou-AI-Qadi qui est enterré à
Ain Messaoûda .
La
légende dit encore que «sur
sa volonté on l'ensevelit là où la superstition des
habitants avait le plus à redouter et on ne lui construisit pas
de mausolée».
Dans
une autre région de la kabylie aux Yflissenau
village de Aguemoun-Agerroum,
s'élève un sanctuaire dédié celui-là
à
Sidi
Saïdi BELKADI.
De
même qu'à Timezrit (Soummam),
cette localité située à 1100 d’altitude , domine
la vallée de la Soummam étalée à perte de vue
en contrebas, jusqu'à la plaine de Bougie. Ce dernier sanctuaire
est dédié à
Sidi
Mhand Ess'id BELKADI.
auquel
la tradition locale attribue une série de miracles.
Tous
ces mausolées, sont l'objet d'une véritable vénération
de la part des populations traditionnelles kabyles , jusqu'à nos
jours.
LES ELEPHANTS
de KOUKOU
Des
légendes universelles à la kabylie , existent également
concernant ce sultanat de Koukou.
Dont celle qui a été
rapportée par Idir BRAHIMI de Koukou au début du siècle.
Ou encore le témoignage
de Si Fodil SALEM des AiT MOUHOUB du village de Bou'Aggach rattaché
aux Aït MENGUELLET.
Nous ne citerons que
l'épisode des deux éléphants qui appartenaient au
roi Amar BELKADI :
"Sidi Amer Ou AI-QADI commandait
aux Aït Yahia. Il avait un éléphant -certains témoignages
disent qu'il en possédait deux, un mâle et une femelle- qui
dévorait chaque jour un grand plat de couscous et un énorme
gigot (sic). C'est la tribu qui devait les fournir ".
(Rapporté par
Si Fodil Salem).
La légende dit
encore, selon SI Fodil Salem que:
"le
roi voulait donner un frère à l'éléphant (...)
ce à quoi les villageois s'opposèrent en disant astucieusement
qu'il lui fallait plutôt une femelle ".
Ainsi
l'histoire nationale algérienne , revisitée par la tradition
kabyle dans cette partie du pays demeurée farouchement berbère,
se résume à quelques bribes de légendes. Mis à
part un pachyderme carnivore (!) et friand du plat national couscous
, quelque part tout en haut d'une inaccessible montagne kabyle,
la kabylie
ne sait rien de sa propre Histoire.
Pas
plus que l’ensemble des algériens ne savent les fondements véridiques
de leur entité nationale, qui depuis bien longtemps déjà
leur est contée dans des livres oiseux, par des historiens tendancieux,
d'une époque obsolète et en principe à jamais révolue,
coloniale.
Peu de
gens en Kabylie assimilent ces personnages BELKADI
à la dynastie des rois d'Alger et de la Kabylie.
Cependant que la superstition populaire leur octroie des charismes liés
à leur ascendance maraboutique qui par délà la royauté,
remonterait ainsi jusqu'à la création de la Zaouia de Koukou.
La lettre
officielle adressée par les notables algérois à Selim
I° le roi des turcs (Musée de Topkapi) donne à
Abou Al-Abbas Ahmed BELKADI la filiation suivante:
Abou Al-Abbas
Ahmed BELKADI, Ben Ali, Ben Ahmed.
Cela déborde les différentes généalogies passées
en revue antérieurement, celles de l'auteur Djennabi, ou encore
la lettre de Amar BELKADI au roi d'Espagne à la fin du XVI°
siècle.
C'est
un certain Sidi Amar BELKADI qui aurait fondé la Zaouïa de
Koukou, bien avant l'apparition de Abou Al-Abbas Ahmed BELKADI.
L'origine
de cette royauté de Koukou, fut d'abord spirituelle et maraboutique.
Abou Al-Abbas
Ahmed BELKADI et l'Emir ABDELKADER qui commandèrent chacun
à son époque l'armée algérienne, étaient
à la fois chefs d'Etat et directeurs spirituels,
selon
la tradition ancienne des rois-prêtres, tempérée par
l'époque.
TIMEZRIT
On rapporte à
Timezrit (Soummam) que le saint Sidi M'hend Ess'id BELKADI , vint fendre
la montagne à l'aide de son bâton pour en faire jaillir une
source. Deux de ses fils se battaient alors au sujet d'un héritage.
Il est probable qu'à
travers cette métaphore et le pouvoir de maîtriser la nature
octroyé à Sidi Mhend Ess'id BELKADI, transparaît la
lutte fratricide -qui tient à la fois de l'histoire nationale
et de la légende populaire- à laquelle se livrèrent
ses descendants pour la puissance et le pouvoir, peu avant le
déclin de la principauté de Koukou.
la
Scission
Les
BELKADI finirent par se scinder en deux fractions ou Soffs-clans, dits
Soff tahtani «ceux d'en bas » et
Soff fuqani «ceux d'en haut ». Qui se disputèrent
les restes du pouvoir érigé par Abou al-Abbas Ahmed
BELKADI, le fondateur de la dynastie de Koukou et roi d'Alger de
1520 à 1527.
Le Soff AI-Tahtani avait
pour chef Ali BELKADI
qui vivait vers 1700.
Une partie de la famille
sera désignée dés lors sous le sobriquet de Boukhtouch
«(celui) au javelot » surnom donné à
Sidi Hend Ou AI-Qadi ,
après qu'il eut
tué son oncle et usurpateur du pouvoir, le roi Amar
Ou AI-Qadi,
à l'aide de cette
arme de jet. Pour régner à sa place.
Ce surnom BOUKHTOUCH,
dont l'équivalent en langue arabe est BOUMEZRAG
resta à sa postérité.
Tous les mausolées
et tombeaux des rois et des princes de la
dynastie des At AI-Qadi
ne sont pas répertoriés. La destruction par les français
de pans entiers de l'ancienne cité d'Alger, a touché
également les cimetières où reposaient les membres
de cette famille.
Les fortifications
à usage défensif et autres citadelles
QEL'A en
arabe, élevées par cette famille en Kabylie
pour lutter contre les envahisseurs espagnols et les usurpateurs turcs,
sont également à repertorier.
|
|
|
TAMAZIGHT,la
goutte qui fait déborder notre vase.
La dynastie des BELKADI ne permit jamais aux turcs de
pénétrer
sur ses territoires de la haute kabylie. Ce qui permit de sauvegarder la
culture berbère dans sa plénitude et toute son authenticité,
dans ces contrées montagnardes demeurées jusqu'à nos
jours austères jusqu'au dénuement.
Au nom
d'une esthétique culturelle qui a survécu
aux différentes
dominations du pays, depuis les temps antiques.
En particulier
contre la puissance meurtrière de Rome.
C’est
ainsi que se perpétua la culture berbère, dite Tamazight.
Ce
mot AMAZIGH
-la consonne Gh dans ce terme transcrit
en caractères latins à la valeur de la lettre R, comme
dans le mot route (français)- qui désigne
à tort depuis quelques décennies l'ensemble des berbères
et qui selon la plupart d'entre eux signifierait «homme
libre»
est un
malentendu livresque doublé d'une rare
désinvolture
intellectuelle de la part de certains intellectuels kabyles
françisants.
Le
terme Amazigh est UNE FORGERIE.
Cela
nous l'avons dit dans un texte qui est paru dans le journal
El-Watan du 6 au 15 novembre 1992, et intitulé
"Histoire de Si
Mohand U Mhand et des renards de la Tamazight".
En voici le résumé:
Le terme
de AMAZIGH n'est
pas attesté dans la langue berbère de kabylie et dans aucun
dialecte berbère parlé au nord du Maghreb ce mot AMAZIGH
ne signifie «homme libre».
En fait
ce terme Amazigh
fut adopté tel que tel à
la suite d'une information non vérifiable donnée par un targui
présomptueux à l'explorateur
français DUVEYRIER. Par la suite légitimé
en tant que substantif par certains intellectuels kabyles de ce siècle,
ce mot AMAZIGH prit
une extension considérable.
C’est
ainsi qu’il finit par désigner à tort l'ensemble des
berbères, qui devinrent tout d’un coup IMAZIGHEN
et "hommes
libres".
Libres
par rapport à qui ?.
Sinon
au détriment des autres communautés algériennes non
berbérisantes et qui vivraient pour ainsi dire un état d'esclavage
perpétuel et infamant de la part de leurs gouvernants.
Cette
manipulation sémantique de la notion de liberté, trouve
sa source dans le choix et la préférence coloniale pour la
"race" kabyle au siècle dernier, les autres communautés algériennes
-non kabyles- qui se targuaient de leur culture arabo- musulmane étaient
naturellement exlues de la sympathie des colonisateurs.
Saint
Augustin, ou les quatre papes d'origine berbère qui dirigèrent
le Vatican à Rome dés les premiers siècles de la chrétienté,
sans oublier la sempiternelle al-Kahina (Al-Dihiya) dont les berbères
eux-mêmes ignorent le patronyme original -Al-Kahina et Al-Dihiya
étant des mots arabes- , demeurent les ambassadeurs de la cause
Tamazight en occident.
"Les
kabyles sont plus intelligents que les arabes , ils sont blonds et ils
ont les yeux bleus" me dit un jour un couple de moricauds kabyles,
qui tenaient plus du teint sombre de l'Afrique du nord profonde,
que de la blondeur nordique classique. Sans se douter qu'il ne faisait
que reprendre à leur compte des propos contenus dans les livres
racistes de l'époque coloniale.Soyons sérieux.
Aucun
évènement relatif à quelque période que ce
soit, dans le passé collectif des berbères, ne suppose l'existence
de ce AMAZIGH, en tant que substansif désignant universellement
l'ethnie berbère.
L'historien
grec Hérodote
ou le latin Pline l'ancien
ignoraient ce terme. Hérodote pour ne citer que lui, dresse la liste
des berbères d'est en ouest, des confins africains de l'Egypte,
jusqu'au Maroc, en passant par la Libye et la Tunisie et l'Algérie.
Voici
cette liste dans l'ordre géographiqe :
Viennent d'abord
les Adyrmachides,
puis les Giligames,
suivis par les Asbystes,
les Auschises,
les Bacales,
les Nasamons,
les Psylles,
les Gindanes,
les Machlyes,
les Auses,
les Maxyes,
les Zauèces,
les Gyzantes.
Sans oublier
les Ammoniensde
l'Oasis de Siouah, les Garamantes
du Sahara , ou les Maces
et les Atarantes
ailleurs.
Les Atlantes
fermant la liste puisqu'ils occupent la bande côtière
de l'océan atlantique.
Une tribu
Amazigh
est effectivement citée par des historiens latins et grecs tardifs,
mais elle se trouve noyée dans la masse des populations berbères
d'origine Libyennes qui peuplaiennt l'Afrique du Nord ancienne.
Au
nom de quoi les descendants des Adrymachides, des Nasamons ou des
Machlyesn -ou retrouve ces derniers à l'époque romaine
sous le nom de Masasyles- deviendraient-ils Amazighs et Imazighen
?.
C'est
comme si l'on décidait tout d'un coup, d'appeler l'ensemble des
berbères du nom de la confédération de tribus chaouïas
ZEROUAL -dont
est issu l'ex-président Liamine ZEROUAL-
qui était prépondérante dans les Aurés dés
le deuxième siècle avant J-C, jusqu'à l'époque
des vandales.
Ainsi
on aurait eu Izeroualen au lieu de Imazighen, ou Igindanen selon
les Gindanes de l'historien Grec, ou encore les Machlyes, les Nasamons
ou les Psyllés etc...
Jusqu'à nos jours, aucun des parlers ruraux
berbères de l’ensemble du Maghreb ne fait allusion à ce pseudo-homme
libre Amazigh
qui aurait désigné l’ensemble
des berbères et en premier lieu les kabyles depuis toujours.
C’est
comme si les espagnols de notre temps par subterfuge linguistique décidaient
de s'appeler tout d'un coup Hidalgo,
ou l’ensemble des japonais Samouraï.
Après avoir dénaturé leur langue et la véracité
de leur Histoire commune.
Car en
vérité cette manipulation de l'histoire à des fins
tribales est choquante.
Duveyrier
l'explorateur dit :
«A
quel peuple primitif à quelle langue primordiale rattacher les Touaregs
et le dialecte qu'ils parlent ? Comment établir leur filiation
? L'opinion des Touaregs sur ces diverses questions a l'avantage d'être
unanime Nous sommes IMOHAGH disent les Azdjer IMOCHARH
disent les Ahaggar et les AouelImmiden IMAJIHREN disent les
Touaregs de l’Aïr. Les cinq noms IMOHAGH IMOCHARH IMAJIHREN
TEMAHAQ TEMACHEQ qui sont les noms de notre race et de notre
langue dérivent de la même racine: Le verbe IOHAGH qui signifie
: il est libre, il est franc, il est indépendant, il pille».
Voilà
l'origine de cet ethnique Amazigh qui a été extorqué
aux touaregs de l'extrême sud algérien et adapté sans
appel à leur département par des intellectuels kabyles, françisants
du temps ancien.
Qui
privilègièrent le mot "libre" et son occurence
noble, en gommant celui de "pillard", jugé contraire à
leur bon goût d'hommes cultivés de l'Ecole Normale Supérieure
de la Bouzaréah. Quand leurs compatriotes étaient portefaix
au port d'Alger ou marchands de chiffons au marché aux puces
de la Haute Casbah.
En fait
la razzia , mot d'origine arabe signifiant le fait "d'entrer
en territoire ennemi pour y enlever des troupeaux et faire du butin "
, a toujours fait partie de la culture des anciens peuples Libyens,
qui furent avant tout des nomades.
Concernant
cette définition du mot touareg
Amazigh, on peut dire la même chose
des nomades arabes Sarrasins
dont parle longuement l'historien Ammien Marcellin, des Vikings,
des Germains,
des Francs, des
Huns, des Banu
Hillal, des Mongoles
ou des dizaines d’autres peuples qui étaient tout autant libres
et qui pillaient pas mal comme l’histoire universelle nous
l’apprend.
Le mot
amazigh s'applique donc à des nomades prédateurs habitués
aux razzias en tous genres, plutôt qu'à des communautés
sédentaires et généralement pacifiques, dont
l'environnement premier est d'abord et essentiellement rural
et agricole.
En fait
pour désigner un «homme libre»
les touaregs de l’Aïr, ceux de l’Ahaggar ou ceux de Ghat, disent ALELLI
dont le pluriel est ILELLAN et
le féminin singulier TALELLIT.
Les berbères
du Maghreb central et parmi eux les kabyles emploient un mot issu de la
radicale HR arabe HERR
, pour désigner un
homme libre.
Cela devient
AHERRI en kabyle.
Tels sont
les mots qui désignent un homme libre
dans les
parlers berbères du nord de l’Afrique.
Il n’y
en a pas d’autres.
Ce même
ALELLI ou ELELLI
selon Ba-Hamou El-Ansari Ben Abdesselam secrétaire du chef Touareg
Moussa Ag Amastan Amenokal de l'Ahaggar et instructeur de Charles de Foucauld
dans la langue et la culture des Touaregs "se
dit de toute personne dont on veut vanter les mérites".
Alelli
ou Elelli s'emploie également chez les Touaregs, pour dire les qualités
dans le cas des objets tels un couteau, une selle, un vélo
et ainsi de suite, jusqu'à un chien ou un chameau dans le
cas des animaux.
Le même
dictionnaire de Ba Hamou AI Ansari (et Charles de Foucauld)
au tome
Il page 673, traite longuement de ce substantif
AMAZIGH:
«AMAHAR
(substantif masculin) IMOUHAR (pluriel) TAMAHAK (féminin singulier)
Dagh MOUHAR Dagh TMOUHAR Signifie Touareg (homme de race touarègue
Animal ou chose d'origine touarègue) AMAHAR est le nom général
dont les Kel Ahaggar se servent pour désigner les personnes appartenant
à la race que les Arabes appellent «Touarègue»
et les animaux et les choses d'origine touarègue Les Touareg semblent
former sept (7) groupes principaux Kel Ahaggar Kel Ajjer Taitok Kel Aïr
Kel Adrar loullemmeden Kel Geres Les Kel Ahaggar ne désignent par
le nom d'AMAHAR que les Touareg seuls
Ils
ne donnent pas ce nom aux berbères non Touareg ils n'ont pas de
mots signifiant «Berbère non Touareg» (homme de race
berbère non Touareg ni de mot signifiant «berbère
(homme de race berbère) »
De nos
jours, ce mot Amazigh est devenu un terme ethnique qui est appliqué
universellement à l’ensemble des berbères quelle que soit
la communauté originelle et originale à laquelle ils
appartiennent. Qu'ils soient Shlouh du Maroc, Berbères
Tunisiens de Tataouine, Kabyles de Mechtras en Algérie,
ou les autres de Siouah ou des îles Canaries.
Ni les
kabyles, ni les mozabites, ni les chaouis -qui sont tous des berbères
d'origine libyenne, de même que les touaregs- n’utilisaient auparavant
ce terme AMAZIGH pour se désigner universellement.
Ce mot
Amazigh est inconnu en Kabylie. Les vieilles personnes qui demeurent en
vie l'ignorent et ne le connaissaient pas il y a seulement dix ou vingt
ans.
SI MOHAND
U MHAND
Le poète
national kabyle Si Mohand U Mhand, l'équivalent
de Baudelaire ou de Walt Whitman sous d’autres cieux, ignore ce déterminatif
Amazigh et « pseudo-Homme libre
».
Il ne
l'a jamais utilisé dans aucun de ses poèmes kabyles, dont
la plupart des strophes rimaient en arabe qoranique.
Si Mohand
connaissait le Qoran par coeur.
Notre
poète n'a jamais employé ce terme Amazigh pour désigner
les berbères, dans leur ensemble.
Il disait
Zwawa (Zouaoua) pour désigner "l'éthnie"
kabyle .
Les berbères
des anciennes générations disent Igawawen,
jusqu'à nos jours.
Les
MAXYES, troyens
S'agissant
des libyens MAXYES de la haute antiquité rapportés
par l’historien Hérodote, en qui certains auteurs berbérisants
voient l’origine de cet ethnique Amazigh, l’historien grec écrit
:
«Les
Maxyes qui laissent pousser leurs cheveux sur le côté droit
de la tête et les rasent sur le côté gauche et qui se
frottent le corps de vermillon ils prétendent que leurs ancêtres
sont venus de Troie».
Les Maxyes
sont donc une communauté immigrée originaire de la Grèce
ancienne, qui s’est intégrée sans embarras aux populations
de l’Afrique du nord ancienne. Par conséquent il est exclu
de voir dans cet ethnique l'origine du mot Amazigh. Comme certains le clament.
MAZIGH,
arabe
Il n’y
a pas lieu de s’arrêter aux définitions de Amazigh par les
auteurs arabes dont Ibn Khaldoun. La plupart sont tendancieuses car elles
font venir les berbères de la Palestine.
Ces derniers
auraient combattus dans les rangs de Goliath contre David.
Défaits,
ils auraient immigré au Maghreb.
Comme
les MAXYES Troyens de Hérodote, les descendants de MAZIGH
alliés à GOLIATH chez
les auteurs arabes sont venus s’installer en Libye vers 3000 avant le présent,
suite à la victoire remportée par le prophète DAVID
sur leur confédération.
Mais les
peintures rupestres du Tassili ou les gravures sur les rochers du
nord de l’Algérie ainsi que l’écriture des Libyens
sont bien antérieurs à l’arrivée de ces tribus orientales
au Maghreb.
Les Banu
Hillal arabes qui vinrent d’Egypte à
l’époque médiévale ou les Mashwasha
berbères libyens qui s’installèrent en Egypte il y a de cela
4 ou 5OOO ans pour y fonder plus tard
la XXII°
dynastie (vers 946 à 720avant J-C), s’adaptèrent sans trop
de heurts au pays d’accueil et non l’inverse.
LES ALLIANCES MATRIMONIALES
Concernant les alliances contractées par les descendants
et successeurs de Abou Al-Abbas Ahmed BELKADI,
il y eut tout d'abord
le mariage de
EL-EULDJ
ALI -qui régna de 1568 à 1571-
avec une BELKADI
fille du roi de Koukou.
HASSAN
BACHA (1562-1567) épousa de
même une BELKADI.
SALAH Raïs
qui régna de 1552 à 1556,
s'allia aussi
à la famille des rois et des princes de Koukou,
en épousant une
de leurs filles.
L'Amiral
Ali BITCHIN, dont le patronyme
d'origine italienne PICCINI a été islamisé
en Bakhtini , est un autre
régent d’Alger qui s'allia aux BELKADI de Koukou, en épousant
une de leurs filles.
Bien plus tard, en 1771
,le Souverain alaoui
marocain
Moulay
YAZID (1790/1792)
s’unit à la sœur
de Mohamed FRIRA , Bey du Titerri (Médèa).
Le pére de ce
Mohamed FRIRA , qui fut également Bey du titerri ,
avait épousé
une BELKADI .
Plus précisément
, la fille du sultan Amar BELKADI.
La revue africaine N°
27 (1883) dit à ce sujet :
« le
prince marocain Moulay YAZID était parmi les pélerins (la
mecque) , accueilli avec tous les honneurs dùs à son rang
par les Douaouda , il demanda et obtint du cheikh Mohamed FRIRA la main
de sa sœur Aïchouch. Les fiançailles étaient célébrées
en grande pompe . Mais en raison de son jeune âge , la
nouvelle mariée ne suivit pas le prince pèlerin , et ce n’est
qu’à son retour du pèlerinage , un an après
, qu’il l’emmena à fez (...) ».
Ainsi
, la mère de Aïchouch l'épouse de Moulay
YAZID le souverain marocain, était une BELKADI et elle avait pour
fils,
Mohammed
Ed-Debbah, le Bey du Titteri.
Ces rois
Belkadi étaient également alliés aux Hafsides de Tunis
par les mêmes liens du mariage. Comme nous l'avons vu précédemment
lors de l'épisode de Hend le Tunisien , elevé à
la cour de Tunis.
La mort de Abou Al-Abbas Ahmed BELKADI
Celui que les archives de Topkapi nomment
«le
vertueux, le moudjahid, le savant et le professeur Abou AI-Abbas Ahmed
Ibn AI-Qadi»
mourut
assassiné par l'un de ses hommes en 1529 dans la plaine de Thénia,
prés de l'actuel Boumerdés. Alors qu'îl se préparait
à livrer une nouvelle bataille à KHAIREDDINE Barberousse.
Forcé
d'abandonner Alger aux turcs, ABOU Al-Abbas Ahmed BELKADI s'était
replié sur Koukou et Annaba, son autre ville de résidence
lorsqu'il gouvernait la partie Est de l'Algérie, à
l'époque de AROUDJ, roi autoproclamé d'Alger. L'ouest du
pays revenant à un certain Mohamed Ali, dont l'histoire n'a pas
gardé la trace.
Ce partage
du pays en trois régions essentielles, démontre l'existence
d'une entité nationale algérienne en ce début de
XVI° siècle.
DIX
NEUF ANS DE LUTTE
Abou AI-Abbas
Ahmed BELKADI aura lutté pendant 19 ans.
D’abord
contre les espagnols aux cotés des frères Barberousse, de
Bougie à Tlemcen et d'Alger à Djidjell, après avoir
rallié à lui les confédérations berbères
des deux Kabylies.
Il lutta
côte à côte à Tlemcen contre l'armada espagnole
avec AROUDJ, l'ainé des Barberousse. Qui y laissera la vie.
La rumeur
turque disait avec insistance, que Abou AI-Abbas
Ahmed BELKADI aurait abandonné Aroudj
aux troupes espagnoles, en ne le secourant
pas, lors du siège du Méchouar de TLEMCEN
par les soldats espagnols.
Pour venger
l'assassinat de son parent, le roi d'Alger
SALIM AI-TOUMI
par Aroudj l'aîné des frères Barberousse, lors
de son entrée à Alger.
Les turcs
qui cherchaient à s'installer en Algérie procédaient
à l’élimination systématique des notables des principales
villes algériennes.
L’occasion
qui se présenta à Tlemcen de voir éliminer l’aîné
des Barberousse par les espagnols, fut exploitée par
Abou Al-Abbas
Ahmed BELKADI.
Après
l’élimination de Aroudj , Ahmed BELKADI chassa KHAIR-EDDINE
Barberousse et ses troupes d’Alger. Ces derniers trouveront refuge à
Djidjell, un temps, avant de s'installer durant quelques années
dans l'île tunisienne de Djerba où se distinguent encore de
vastes fortifications.
La Djenina d'Alger
1°
LES ROIS D’ALGER
L'histoire
d'Alger en ce début du XVI° siècle débute par
le règne de Selim
AI-TOUMI Al-THA’ALIBI , qui régna
jusqu'en 1516 avant
d'être étranglé dans son bain par Aroudj Barberousse
dés l'entrée des turcs à Alger.
AROUDJ
l’aîné des frères
Barberousse lui succéda à la Djenina en 1518
, avec l'accord implicite des notables d'Alger qui voyaient en lui leur
sauveur et le protecteur de leur bonne fortune.
KHAIR-EDDINE
succéda à son frère Aroudj vers 1520,
aprés la mort de celui-ci à Tlemcen.
Abou
AI-Abbas Ahmed BELKADI chassa Khair-Eddine
d'Alger.
Il régna
sur la ville de 1520 à
1527.
Le territoire de son
royaume s'étend sur une grande portion du littoral algérien
de Bedjaïa à Chleff , jusqu'à Blida et l’Ouarsenis.
La grande Kabylie et la principauté de Koukou font partie du royaume
de BELKADI.
KHAIR-EDDINE
Barberousse qui s'était
réfugié à Djidjell reprit le pouvoir à Alger
dés 1527,
il y restera jusqu'en 1552.
2° LES PACHAS
HASSAN PACHA (intermittent) succédera à KHAIR-EDDINE.
Puis vinrent
SALAH RAÏS (1552/1556) et HASSAN CORSO (1556/1557),
ce dernier
etait un renégat d'origine corse comme son nom l’indique.
HASSAN
PACHA revint au pouvoir en 1562. Il est reconduit à la tête
de la Régence d’Alger jusqu'en 1567.
EL-EULDJ
ALI (1568/1571). ARAB AHMED (1571/1574). RAMDANE CAÏD
(1574/1577). HASSAN VENEZIANO (1577/1580). DJAFFAR PACHA (1580/1582)
se succèdent avant que HASSAN VENEZIANO ne revienne aux affaires
de 1582 à 1588.
Par la
suite le pouvoir devient triennal et les pachas sont désormais nommés
par la Turquie.
Il est
inauguré par DALI BACHA (1589)
auquel
succédera KHEDER (1592).
Puis CHAABAN
PACHA (1595). MUSTAPHA PACHA (1596/1599). DALI HASSAN (1603).
MOHAMMED KOUSSA (1603/1605). MOSTEPHA KOUSSA (1605/1607). REDOUANE
BEKERLI (1607/1610). MOSTEPHA KOUSSA une nouvelle fois de 1611 à
1613). HOSSEIN CHEIKH (1613/1617). SLIMAN KETANIA (1617/1618).
HOSSEIN CHEIKH (1618/1620). KHEDER PACHA (1620/1623). KHOSROU
CHAREF (1623/1626). HOSSEIN PACHA (1626/1633). YOUSSEF PACHA
(1634/1637). ALI PACHA (1637/1639). HOSSEIN CHEIKH (1639/1640).
DJAMAL YOUSSEF PACHA (1640/1642). MOHAMMED BOURSALI PACHA (1642/1645).
AHMED ALI PACHA (1645/1647). YOUSSEF PACHA (1647/1650). MOHAMED
PACHA (1650/1656) et enfin IBRAHIM PACHA (1656/1659).
3° LES AGHAS
Ils
furent ,
de 1659
à 1671, KHELIL AGHA (1659/1660). RAMDANE
AGHA de 1660 à 1661). CHAABAN AGHA de 1661 à 1665) et enfin
ALI AGHA de 1665 à 1671).
4°
LES BEYS (Deys).
(de
1671 à 1830): HADJ MOHAMED TRIK (1671/1682).
BABA HASSAN
(1682/1683). HADJ HASSAN MEZZO-MORTO (1683/1688). HADJ CHAABAN
(168811695). HADJ AHMED ATBI (1695/1698).
HASSAN
CHAOUCH (1698/1700). HADJ MOSTAPHA (1700/1705). HASSAN KHODJA CHERIF
(1705/17O7).
MOHAMED
BEGTACH KHODJA (1707/1710).
BABA-ALI
CHAOUCH (1710/1718). MOHAMED BEN HASSEN (1718/1724). KURD ABDI
(1724/1732). IBRAHIM (1732/1745).
IBRAHIM
KOUTCHOUK (1745/1748).
MOHAMED
BEN BEKKAR (1748/1754). BABA-ALI BOUSBAA (1754/1766). MOHAMED
BEN OTHMAN (1766/1791). HASSAN (1791/1798). MUSTAPHA PACHA
(1798/1805). AHMED PACHA (1805/1808). ALI AI-GHESAL (1808/1809).
HADJ-ALI PACHA (1809/1815).
MOHAMED
KHAZNADJI (1815). OMAR PACHA (1815/1817).
ALI KHODJA
(1817/1818).
et enfin
le dernier des Deys
fut :
HUSSEIN
le
dernier des turcs,
qui
détint le pouvoir de 1818 à
1830.
En
1830 les français prirent Alger.
Le5
juillet 1962Ahmed
Ben Bella
devient le premier
président de
la République
Algérienne Démocratique et Populaire
Il était temps
car l'histoire qui s'impatientait avait besoin
de renouvellement.
Pendant
435 ans
Ainsi, de 1527,
date à laquelle KHAIR-EDDINE
Barberousse chassa Abou AI-Abbas Ahmed BELKADI
d'Alger, et jusqu'à 1962,
date de la prise de pouvoir par Ahmed BEN
BELLA, aucun algérien de souche
ne présida aux destinées de son propre pays.
Sauf quelques
principautés autochtones clairsemées çà et
là, dont celle de Koukou, qui fut pratiquement la seule en Kabylie
à lutter contre les janissaires turcs et les conquistadors espagnols.
Il y eut
bien sur la Qala'a des Al-Mokrani, rivale de Koukou depuis toujours, mais
elle était excentrée géographiquement par rapport
à la Kabylie, plus proche d'Alger.
Le
royaume berbère de Koukou perdura
avec plus
ou moins de bonheur
jusqu'aux
alentours de 1750.
A l'écart du joug des turcs
qui sévissait
dans d'autres régions de l'Algérie.
Lobby
or not lobby ?
Lobby
Turc
Bizarrement,
jusqu'à nos jours en Algérie,
aucune
place , aucun lieu public
ne
porte le nom de l'un quelconque de ces rois algériens, seigneurs
de la Kabylie.Pas même Abou Al-Abbas Ahmed BELKADI fondateur de la
dynastie de Koukou, roi d'Alger, jurisconsulte, professeur, savant en sciences
religieuses, stratège et chef de guerre reconnu par ses pairs et
ses propres ennemis.
Abou
Al-Abbas Ahmed BELKADI est mort les armes à la main, en martyr
de la cause nationale algérienne. Il fut un précurseur
médiéval de l'esprit de novembre 1954, au cours duquel les
algériens se soulevèrent contre les français.
Si
par nationalisme on entend un ensemble de traditions historiques
et culturelles communes vécues par une communauté ou des
populations établies sur un même territoire, dans ce cas Abou
Al-Abbas Ahmed BELKADI fut un nationaliste avant l'heure.
Comme
nous l'avons vu dans le paragraphe précédent, la
notion d'état algérien préexistait
à l'époque. Car les notables d'Alger firent appel à
ce personnage d'origine kabyle, installé à Koukou pour les
représenter auprés du roi des Turcs
Selim
I°.
Abou
Al-Abbas Ahmed BELKADI a prouvé son attachement à sa patrie
algérienne, les armes à la main. En allant combattre les
envahisseurs espagnols, dans des régions lointaines (Tlemcen),
et cela bien des siécles avant l'apparition de l'Emir Abdelkader,
qui semble être devenu le symbole de la génération
de la révolution du
1°
novembre 1954.
Abou
Al-Abbas Ahmed BELKADI mourut en 1520
dans
la plaine d'Alger, où il avait dressé son camp, afin d'aller
combattre Khaireddine Barberousse.
L'oubli de cette
période charnière de l'histoire algérienne par de
frustes décideurs, est-il du à l'inculture des gouvernants
successifs de l'Algérie, peu concernés par les choses de
l'esprit et par l'Histoire vécue par d'autres algériens au
cours des siècles passés?
Ou alors doit-on
parler d'ostracisme anti-kabyle?.
Lettre du 16 juin 1598 adressée
par le roi Amar BELKADI à Philippe II roi d'Espagne
( archives de Simancas).
Ce site a
été conçu pour réhabiliter la mémoire
des ancêtres.
E p i
l o g u e
A
un autre moment, une petite fille avec sa poupée à la main
s'amusait à jeter des grains de millet à une poule
et ses poussins dont elle riait à gorge déployée.
Sur le chemin caillouteux qui menait jusqu'au seuil de la maison où
vécut Al-Ghazi le grand-père, des chevreaux broutaient les
feuilles de petits buissons épineux tout en lissant leurs petites
cornes de temps en temps les uns contre les autres. La petite fille portait
une toute petite robe verte qu'un léger courant d'air soulevait
régulièrement. Cela lui donnait l'allure d'une fleur qui
frémissait sous le vent. Ses longs cheveux blonds et frisés,
difficiles à tresser portaient des traces de terre, où
elle avait dû se rouler avec le petit garçon qui devait être
son frère et qui n'arrêtait pas de la taquiner en lui lançant
des minuscules cailloux, en visant soigneusement la tête. Il paraissait
garder les capris qui sautillaient en groupe, un peu à
l'écart. Lassée, la petite fille lui retournait les
petits cailloux avec un air de dépit à peine contenu. La
vallée se déroulait à perte de vue en contrebas. Simple
retour aux sources, sur les traces de l'ancêtre éponyme. Un
vieillard me prit prestement
la main
pour l'embrasser, en disant "bienvenue au marabout ". J'en éprouvai
une honte considérable.
"Le monologue
de l'en dehors"
Ali
Farid BELKADI.
CLIC
A la mémoire de Ahmed
BELKADI, mon père
Ali Farid BELKADI
©Février 2000
alifarid.belkadi@free.fr
et
maghreb2000@chez.com
|